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Science politique

Partie introductive : qu’est-ce que la science politique ?

I) l’objet de la science politique.

La science politique est celle du pouvoir au sein de la cité, celle des rapports et structures de celui-ci. Pour Max Weber le pouvoir c’est « toute chance de faire triompher, au sein d’une relation sociale, sa propre volonté, même contre des résistances », en somme, ce qui permet d’agir sur quelque chose ou quelqu’un. La guerre d’Irak était en ce sens le lieu de l’expression du pouvoir américain puisque l’armée américaine, écrasant les forces nationales, ont permis au pouvoir de faire plier le jeu des négociations pour imposer un changement politique. Le pouvoir prend différents visages : à celui d’injonction s’ajoute celui d’influence (un conseiller écouté est puissant, cependant son pouvoir dépend entièrement de la confiance que lui porte le dirigeant). Au total, exercer le pouvoir c’est réduire l’action divergente de l’antagoniste qui nous est soumis. Obama, durant ses mandats, s’était fait remarquer pour s’entourer d’un nombre très important de conseiller ce qui, d’après lui, lui aurait permis de ne pas se tromper. Or, alors qu’ils lui avaient majoritairement conseillé l’intervention en Syrie, le président du rétropédaler après l’annonce du retrait des forces britanniques du conflit (faute de majorité parlementaire favorable). Après cette crise, Obama réduisit fortement le pouvoir de ses conseillers sur ses prises de décision. Le pouvoir d’influence est, lui aussi, pluriel : il s’agit de nuancer entre la capacité de convaincre (par le raisonnement) de celle de persuader (par les manœuvres et la ruse). De même, il est pertinent de différencier le pouvoir de l’autorité. Tandis que le premier dépend d’éléments de contrainte ou d’influence, le second a une dimension morale : l’obéissance est consentie et semble légitime à celui qui la subit (du faits de valeurs partagées, d’un charisme, de connaissances, etc.).

II) De la philosophie politique à la science politique.

                A) La philosophie politique.

Durant l’Antiquité, la politique était principalement envisagée sous l’angle de la philosophie plus que de la science. L’on se concentrait ainsi sur la recherche de la « politique juste » et du « juste pouvoir politique ». Platon, dans sa recherche, vint à inventer une république parfaite, un régime palliant les tares des démocraties, aristocraties et monarchies et profitant de leurs avantages respectifs. Cependant, ces considérations purement théoriques, impliquent à chaque fois l’existence d’un « philosophe-roi », lequel exerce son autorité, toujours dans la direction du bon et du vrai. Certains états contemporains se positionnent toujours dans cette lignée : ce sont les théocraties. En Iran, le pouvoir vient du savoir du droit divin : celui qui sait est légitime à diriger, raison de la place prééminente des religieux et des philosophes. Dans les démocraties occidentales, il est plutôt aux mains des technocrates, le raisonnement est similaire, mais laïc. Les contractualistes, comme Hobbes, voient comme source du pouvoir les individus. Pour eux, en état de nature, l’anarchie règne, le contrat social intervient pour rétablir l’ordre : la sécurité publique implique de consentir à la réduction de ses libertés (qui ne disparaissent cependant pas).

                B) La science politique.

                                1) Machiavel et la genèse de la matière.

Machiavel est le premier a envisager la politique sous l’angle de la science. Pour lui, ce qui importe aux détenteurs du pouvoir politique, c’est de le conserver. De ce fait, il ne doit pas être moral et au contraire s’émanciper de ces préceptes théoriques. Machiavel n’invite pas au mal, il dit que le Prince peut être bon, si cela lui permet de conserver son pouvoir, cela ne devant pas devenir une obsession insurmontable. Il faut préférer l’apparence de la vertu à la vertu elle-même. Or, si toutes les apparences de vertu risquent d’être découvertes un jour, seule celle religieuses ne le peut. « Montrez que vous suivez la religion de votre peuple et il vous suivra » dit-il aux puissants : l’identité est une arme redoutable pour garder le pouvoir.

                                2) Conclusions

La science politique ne se concentre ainsi que sur les faits, elle abhorre les jugements de valeur. L’on décrit comment le pouvoir se conserve sans chercher à savoir si c’est bon ou mauvais. Le positivisme constate les faits et leurs enchainements. Auguste Comte, le premier, va faire passer la question du pourquoi au comment.

Chapitre premier : le comportement électoral

I) Cas d’études des profils d’électeurs.

                A) La décomposition sociale d’un électorat.

                                1) Les facteurs socio-culturels déterminants des élections présidentielles aux États-Unis (2008 et 2016).

L’âge
Obama semble, tant face à McCain qu’à Trump, être préféré par les jeunes, lesquels attachent plus d’importance à l’accroissement des libertés qu’aux traditions ce sur quoi les générations plus âgées ne sont pas d’accords. En 2016, cependant, le clivage est moins important que 8 ans auparavant.

Le sexe
De manière significative, les femmes ont tendance à plus voter que les hommes qui eux, sont majoritaires chez les républicains. Cela pourrait s’expliquer notamment par les considérations féministes, plus portées par les premiers.

La sexualité
Très largement, les homosexuels votent en majorité pour les démocrates, de la même manière, cette différence venant sans doute du fait que les républicains sont moins impliqués dans les causes lgbt. Ainsi, Obama avait placé au centre de sa première campagne l’abolition de la politique « don’t ask, don’t tell », interdisant, au sein de l’armée, de révéler son homosexualité, sous peine de se voir licencier.

Le niveau de revenu
L’Obama Care ne trouvant de jumeaux dans aucun des programmes républicains, en 2008, les revenus les plus bas (entre 15000$ et 50000$ par an) se prononcent de 55% à 73% pour le parti démocrate et seulement à 25% pour celui républicain. Chez les classes moyennes (au-dessus de 50000%), républicains et démocrates emportent les mêmes votes. L’on peut conclure que les thèses économiques sont clivantes pour les catégories moins aisées (le non-interventionnisme et le conservationnisme républicain laissant la solidarité sociale aux œuvres caritatives ne convient pas). Sur ce point, la politique est polarisée. Au contraire, en 2016, du fait de son discours nationaliste, Trump fit un score supérieur à celui de McCain : la vision internationaliste de Clinton ne passant pas chez celles-ci.

Le niveau d’étude
Obama obtient le vote des moins instruits et des plus diplômés alors que ceux s’étant arrêtés entre le lycée et la licence votent en proportion égale pour les deux partis. Ce n’est pas le niveau d’étude qui influence le vote, il faut plus chercher la causalité dans les faibles revenus des personnes peu instruites. Avec Trump, ces catégories votèrent en majorité pour lui qui réussi à tenir un discours simple et populiste (non-existence du réchauffement climatique notamment).

La détention d’armes à feu
Dans certaines populations, le droit de détenir une arme à feu étant sacralisé ( le 2e amendement remonte aux prémices de la société américaine), le fait que les républicains se prononcent pour plus de contrôle est rédhibitoire, cela expliquant une plus forte popularité du parti républicain.

Le facteur ethnique
Historiquement, les blancs votent en majorité pour les républicains tandis que les minorités pour les démocrates. Obama avait ainsi recueilli 95% du vote noir, 67% de celui hispanique, 62% de celui asiatique et uniquement 43% de celui blanc. Avec Clinton le schéma est le même, la couleur de peau d’Obama n’ayant rien à voir avec ces scores.

Le facteur religieux
En majorité, les protestants votent républicains, lesquels promeuvent moins de séparation entre église et état (54% pour McCain). De ce fait, catholiques, juifs, athées et autres minorités craignent une réduction de leur libertés.

Le croisement entre diplômes et ethnicité
La polarisation des votes des minorités ethniques se réduit lorsque celles-ci sont plus diplômées. A l’inverse elle s’agrandit lorsqu’on regarde les populations les moins instruites.

Le croisement entre genre et ethnicité
Si les blancs, éduqués ou non, votent en majorité Trump, moins ils ont de diplômes, plus la proportion est importante (48% à 66%). L’inverse, pour les minorités et Clinton est aussi vrai, dans une moindre mesure cependant (72% à 76%).

Le croisement entre genre et statut marital
L’on remarque qu’un homme marié, proche des notions de chef de famille, tendra plus à voter républicain. Une femme célibataire, quant à elle, sera plus enjointe à voter démocrate.

                                2) Le 2e tour de l’élection présidentielle brésilienne de 2018.

Le vote, au Brésil, est extrêmement fractionné. Le régime s’étant installé en remplacement d’une dictature militaire (1964-1984), une partie importante de la population demeure nostalgique de cette époque. Or, en Amérique latine, les inégalités sociales touchent beaucoup moins les blancs catholiques que les autres minorités. De ce fait, l’on retrouve une proportion majoritaire de vote extrême droite dans ces populations. La société brésilienne est divisée. Géographiquement, tandis que le nord-est, plus pauvres, vote à gauche, le reste du pays, plus industrialisé, prospères et urbaines à droite. Les villes, en effet, votent en majorité Bolsonaro, de même, on l’a dit, que les blancs et catholiques. Chose à noter, les athées, votent contre lui par peur du retour en arrière avec la dictature militaire dont Bolsonaro se fait parfois l’héritier, se positionnant comme le candidat de l’ordre contre une criminalité qui bat des records (3e monde) mais aussi de la droiture morale vis-à-vis de la gauche frappée par de nombreux scandales de corruption.

                                3) Un vote par classe sociale : le cas des élections britanniques de 1984

Depuis le XIXe siècle, la classe ouvrière vote traditionnellement pour le parti travailliste. Cela s’accentuant avec l’arrivée de Thatcher (conservatrice) au pouvoir laquelle applique une politique de lutte contre la grève de fermeture des entreprises minières. Toutefois, en 2012, nombreux seront ceux parmi les classes populaires à voter pour Johnson. Le « phénomène Tony Blair » fait perdre une grande partie de l’électorat populaire au parti travailliste du fiat de son positionnement pro-UE et immigrationniste. Pour reprendre de l’importance, le parti va s’impliquer dans la défense des protection des minorités et des femmes, s’éloignant des terrains traditionnels comme l’économie que la droite possède.

                                4) Le vote ouvrier en France.

Jusque les années 1980, l’électorat de gauche grandit chaque année. A partir de 1981 celui-ci commence à diminuer, tout en maintenant une large préférence parmi les classes ouvrières (49% total, 63% ouvrier). Or, en 2002, le vote ouvrier, n’est pour la première fois, pas supérieur à celui national. Cela s’explique par plusieurs facteurs. Non seulement les question économiques clivent de moins en moins l’opinion publics (les salariés du public votent de plus en plus à gauche du fait des politiques de redistribution engagées) mais, celles sur les valeurs beaucoup plus. De fait, le positionnement sur l’avortement, l’euthanasie, l’homosexualité ou encore l’immigration séduisent de moins en moins les classes populaires.

                                5) Le cas de l’Ukraine en 2004.

A partir de la chute de l’URSS et pendant la première décennie d’indépendance, les présidents élus vont toujours être proches du pouvoir russe. En 2004, les choses changèrent. L’Ukraine, regroupant population russophones (au sud) et ukrainiennes (au nord-ouest) va voir sa population se déchirer entre deux candidats, l’un proche de la Russie, l’autre de l’OTAN.

                                6) Les élection polonaises de 2007.

A la suite de la chute de l’URSS, la première élection polonaise donne victoire à l’opposition. Le parti communiste s’effondre finalement en 2004 pour laisser place aux partis « libéral » (à l’ouest) et « droit et justice » (à l’est) lequel est ancré dans le nationalisme polonais et l’ultra conservatisme catholique.

                                7) Les élections législatives espagnoles de 1993.

En 1993, les résultats électoraux législatifs divisent l’Espagne en 2. D’une part, le nord vote franchement pour la droite, tandis que le sud, pour les partis socialistes. Cela s’expliquant notamment par le fort impact des politiques franquistes en Andalousie. Au contraire, dans les pays autonomes « pays basque et catalogne », la droite y est moins implantée et le poids des partis régionalistes y est plus important.

                                8) Mode de scrutin et le comportement électoral.

En fonction du mode de scrutin, le comportement électoral peut évoluer. Ainsi, lorsque la manière de compter les voix est proportionnelle, les partis minoritaires ont tendance à être plus représenté et à rendre difficile l’obtention de majorité franche, ce qui implique la constitution de gouvernements de coalition. Le système du vote majoritaire à un tour, caractérisé par la Grande-Bretagne, tend, quand à lui, à faire émerger deux partis principaux et, de fait, concentrer les voix entre deux organisations principales (bipartisme). Dans le système majoritaire à deux tours, comme en France, celui qui gagne est celui qui est capable de s’entourer d’allié, l’on peut très bien être important sans pouvoir réunir la classe politique autour de soi lorsqu’il s’agit de décider du vainqueur final.

II) Théorie du comportement électoral et de l’électeur stratège.

                A) La théorie de l’électeur stratège.

Anthony Downs présente l’électeur comme un individu fondant son choix sur un calcul cout-intérêt. Le candidat serait alors à rapprocher d’un acteur économique vendant un programme comme le meilleur possible. Cette théorie rapprochant politique et marché ne fonctionne que dans les systèmes pluripartites. La scène politique est imparfaite : les électeurs ne savent pas exactement ce qui maximise leurs gains et les candidats ce qu’attende les électeurs. Pour pallier ce manque, les seconds vont envoyer des agents sur le terrain pour tenter de déterminer le positionnement de l’opinion public sur les grandes questions. Les premiers, quant à eux, font peu d’efforts. En effet, lorsque l’électorat augmente, la part du poids du vote de chacun diminue, les individus risquent d’être convaincus que la conséquence de leur vote est infiniment petite. Il ne fait l’effort de la recherche d’information que s’il pense que son cout est inférieur aux gains que pourraient lui apporter sa participation politique.  Pour faciliter l’accès à l’information, les partis se doivent de conserver une ligne politique qu’ils peuvent faire varier sans empiéter sur les positions de leurs concurrents. C’est ainsi que dans les années 1980, le parti socialiste se déplace à droite tandis que l’UDF de Giscard d’Estaing à gauche. Dans les société bipartites, l’on peut alors tendre vers la constitution d’une société unie ou fractionnée.

                B) La critique de la théorie de Downs.

                                1) La pression sociale.

Plusieurs indices tendent à montrer que le l’électeur ne détermine pas son choix de vote en sélectionnant uniquement le programme qui saurait lui apporter le plus d’avantages. Les problématiques de vote-réflexe, de pression du groupe induisant un biais psychologique d’effet de conformité (théorisé par Solomon Asch) et de pression et le vote communautaire (certains groupes sociaux ont une très forte homogénéité).

                                2) Le clientélisme

Dans une autre idée, il est pertinent de noter les phénomènes de clientélisme (échange de voix contre services et avantages). En Jordanie, par exemple, il a un très fort impact dans le vote : les habitants font du vote un outils de marchandage.

                                3) La vision de Bryan Caplan

Pour Caplan, les individus suivent leur conviction avant de faire calculer leurs avantages. Il accorde une grande importance à l’endoctrinement idéologique des populations. La théorie de Caplan se base sur le constat que, selon lui, les démocraties ne sont pas des régimes rationnels.

III) Les élections parlementaires turques d’octobre 2002.

En 1945 la Turquie accède au régime démocratique pluraliste. Dans les années 1980 elle est frappé par le coup d’état militaire de Kenan Evren qui, après 3 ans, redonne aux autorités civiles le contrôle politique. Le nouveau régime fondé suit celui d’une démocratie parlementaire laïque et libérale : tous les partis sont autorisés sauf ceux islamistes, marxistes et séparatistes. Le scrutin y est proportionnel et le seuil d’entrée au parlement est condition à l’obtention d’au moins 10% des voix. Au début des années 2000, une grave crise financière fait s’effondrer le système économique, Bülent Ecevit est alors élu à la tête d’un gouvernement de coalition. Les réformes qu’il entreprend ne changent rien et du fait de grands scandales de corruption, le paysage politique change totalement. L’AKP, parti islamo-conservateur dirigé par Erdogan née de la scission avec le Partie de la félicité parvient au pouvoir à la suite des élections anticipées suivant la dissolution de la Grande Assemblée Nationale, le CHP, parti héritier des visions sociales-démocrates et laïques de Mustapha Kemal rentre dans l’opposition. Du fait du mode de scrutin, il est le seul, avec le parti présidentiel, à être représenté à l’assemblée.

Chapitre second : les politiques idéologiques, la culture politique.

I) Les idéologies dans le champs politique.

                A) L’idéologie, un terme flou.

Le mot idéologie a plusieurs significations. En effet, celui-ci peut tant désigner un système d’idée, une représentation déformée de la réalité, une forme d’aliénation ou encore l’opposé stricte de la connaissance scientifique. L’idéologie emporte souvent un caractère idéaliste et hermétique, presque dogmatique. Au total, il semble qu’on puisse la désigner comme un système cohérent de représentations et de valeurs ayant une finalité pratique. D’après Marx, l’idéologie est à combattre en ce qu’elle fait se représenter la réalité d’une fausse manière. Prenant l’exemple de la DDHC, celui-ci affirme qu’elle n’est en réalité que l’expression des intérêts de la classe bourgeoise : l’idée de liberté asservit les classes ouvrières qui souffrent du caractère uniquement formel de l’égalité proclamée. Karl Popper ajoute que, contrairement à la science, domaine empirique, l’idéologie est de nature fermée à l’évolution : un idéologue n’accepte d’avoir tort et impose sans vision au monde sans être sûr de son bon fonctionnement. L’idéologie dessert le politique en ce que ce n’est pas un système de pensée neutre.

                B) L’opposition économie de marché et économie planifiée : les modèles purs et ceux intermédiaires.

                                1) Un spectre large.

De manière générale, il existe quatre systèmes économiques principaux se différenciant sur le degré d’emprise qu’à l’état sur eux. Du plus libéral au moins libéral, l’on peut désigner : (1) le Laissez faire, laissez aller, (2) le capitalisme social, (3) l’économie mixte, (4) l’économie planifiée. On le voit, il existe ainsi deux extrêmes et deux intermédiaires. Les évolutions se font petit à petit, la chine passe ainsi depuis la mort de Mao Zedong d’une économie planifiée à un régime mixte, là ou le secteur privé est suffisamment libre.

                                2) L’idéologie marxiste contre celle libérale.

 

Si la cohabitation entre les systèmes intermédiaires se fait passablement, entre les deux extrêmes les différences sont telles que, depuis leur créations, ils se livrent un affrontement direct. Au XIXe siècle, l’idéologie méthodique portée par Max Weber, qui deviendra celle libérale, considère que les individus, ayant leur propre liberté, vont profiter du marché qui répondra à leur attentes par le jeu de l’offre et de la demande. Raymond Boudon, sociologue, reprendra cette thèse et la développera au XXe siècle. Les libéraux croient en l’autorégulation du marché, de ce fait ils promeuvent des politiques de retrait étatique et affirment la nécessité de la libre concurrence et du non interventionnisme. Pour eux, les seuls actes économiques des agents particuliers suffisent pour créer l’équilibre. Seule la lutte contre les monopoles est légitime. Pour les marxistes, au contraire, le point de départ qui lie tout individu est sa classe sociale. Contrairement aux capitalistes, Marx affirme la dégénérescence du marché au profit d’une classe toujours plus petite et puissante d’individus. Celui-ci désigne la démocratie comme l’outils de la bourgeoisie pour asservir les prolétaires : l’illusion de liberté les détourne de la lutte des classes. La démocratie c’est la dictature de la bourgeoisie. Tout état divisé par les classes sociales est une dictature, il est alors du devoir des prolétaires que de s’emparer du pouvoir, d’instaurer la dictature du prolétariat et mettre fin à ce système inégalitaire. Le marxisme est internationaliste, de fait, le nationalisme apparait en même temps que le capitalisme en réaction à celui-ci. Marx développe l’idée selon laquelle l’antagonisme entre nation est un leurre, le réel combat se fait entre classes. Raison pour laquelle le parti communiste se déclara contre la 1ère guerre mondiale et pourquoi l’un des trois slogans ayant mené Lénine au pouvoir était « la paix, toute de suite ».

                                3) Doctrines économiques et régimes politiques.

Un pays dépend, non seulement de la doctrine économique qu’il suit, mais également du caractère de son régime politique. De ce fait, une démocratie pluraliste peut aussi bien conduire à l’instauration d’une démocratie libérale, qu’à une démocratie socialiste protégeant les droits fondamentaux. A l’inverse, un régime autoritaire peut conduire à une dictature conservatrice ou encore marxiste. Les deux n’ont rien à voir si ce n’est la force qu’exerce l’état sur ses sujets. Au Chili, le régime de Pinochet aboli la Constitution et les partis de gauche et se présente comme l’ardent adversaire du communisme durant 16 ans où il instaurera une économie libre dans le cadre d’un système répressif. A l’inverse, le régime de Salvador Allende, prédécesseur de Pinochet, prônait une démocratie libérale politiquement et socialiste économiquement.

                                4) Les pragmatismes.

Pour les pragmatiques, seul ce qui marche est à retenir. La chine, depuis la mort de Mao et l’accession au pouvoir de Deng Xiaoping s’est libéralisé économiquement parlant, délaissant progressivement l’idéologie stricte communiste imposé aux origines. De fait, la mise en place de zones franches capitalistes dans le pays en est l’une des marques les plus visibles. A l’inverse, certains pays capitalistes, pour lutter contre les dérives du marché, ont tenté d’introduire une planification, sorte de capitalisme social. L’on trouve ainsi plusieurs exemple de pragmatisme politique : dépassement du dogmatisme socialiste et adaptation à l’économie de marché, adaptation du libéralisme aux exigences de la planification étatique et de la redistribution sociale, diversification des programmes politiques, etc.

                                5) La « mort des idéologies » et les pôles de valeur en politique.

Certains ont pensé qu’avec l’instauration d’une économie de marché à l’échelle planétaire (uniformisation globale) du fait de la mondialisation, les idéologies étaient sur le point de disparaitre. Cependant, le développement de la science économique correspond en réalité au développement implicite de nouvelles idéologies. Dans tous les cas, les différences principales qui séparent un régime d’un autre sont les valeurs que les acteurs politiques choisissent de prioriser.

                C) L’évolution des régimes.

                                1) Cas premier : l’émergence d’un marxisme révolutionnaire.

                                                a) La théorie des stades historiques.

D’après les marxistes, l’un des éléments qui fondent justification à leur système est la vision qu’ils se font de l’évolution des sociétés à travers l’histoire. Pour eux, aux commencement, les premières populations humaines vivaient sous l’empire d’un (1) communisme primitif (chasseurs-cueilleurs) sans classe sociale ni conflit politique puis, avant l’arrivée du capitalisme, les régimes politiques s’organisant autour de la force, l’on vit s’installer des (2) systèmes esclavagistes, féodaux et asiatique (fusion du politique et religieux avec les rois-prêtres) basé sur une domination des classes. A leur suite, vint le (3) capitalisme avec la montée en puissance de la bourgeoisie et la transformation des artisans et petits bourgeois en ouvriers, lequel devrait, à la suite d’une (4) période révolutionnaire (dictature du prolétariat), laisser sa place à un nouvel (5) communisme comme stade finale de la société humaine.

                                                b) La théorie des contradictions du capitalisme.

Il existe 3 principales contradictions inhérentes au capitalisme. Marx dénonce ainsi les rapports traditionnels de sujétion entre prolétaires et capitalistes malgré l’avancée technique : le capitaliste ne fait rien si ce n’est profiter de la production résultant du travail des prolétaires. Il dénonce dans ce système une appropriation indue de leur travail, fondement de leur salaire et donc de leur liberté. Également, alors que le capitalisme prône les principes de concurrence parfaite, l’empirisme démontre une tendance à l’émergence de monopoles et à la concentration des moyens de productions (les plus riches absorbent les plus pauvres). Enfin, alors que le capitalisme se présente comme facteur d’accroissement de richesses, force est de constater que la classe ouvrière se paupérise et grandit sans cesse.

                                                c) La théorie de la révolution prolétarienne et adaptation marxistes face aux contraintes historiques.

Du fait du caractère profondément injuste du système, Marx croit en l’éclatement d’une révolte parmi le prolétariat. Bien qu’il affirme qu’elle partira d’Angleterre et d'Allemagne, faute de connaitre les situations internes des pays plus lointains, elle aura bien lieu mais en Russie et en Chine. Le facteur principal d’apaisement des relations en Europe occidentale étant l’émergence d’une classe moyenne importante au début du XXe, chose qu’il n’avait pas prévu. Pour Marx, les paysans, attachés aux traditions, seront un frein à la révolution si ceux-ci ne s’allient pas aux socialistes. Face aux contraintes historiques et sociétales, le communiste du s’adapter à la réalité de son temps. De fait, dans les sociétés industrielles européenne, à la suite du développement de la classe moyenne au détriment de celle ouvrière, l’on put voir apparaitre soit l’intégration des mécanisme démocratiques dans les régimes communistes, soit l’acceptation d’une vision plus réformiste comme, notamment, dans la socialdémocratie ou l’eurocommunisme. Dans les sociétés peu industrialisées, au contraire, là où les ouvriers étaient minoritaires par rapport, notamment aux paysans, soit l’on accepta l’idée d’une alliance avec le monde rural soit, comme le fera Lénine, l’on promouvra le concept d’avant-garde ouvrière, minorité extrêmement consciente et politisée qui tire l’intégralité de la société vers la même direction par le biais de ses actions fortes. Ainsi en Russie, deux courants vont s’opposer quand à la menée de la révolution. Pour les Mencheviks, la Russie n’ayant encore connu du capitalisme, pour que le communisme s’instaure efficacement, il faut passer par une période capitaliste avant de se révolter. Pour les Bolcheviks, au contraire, il est de l’intérêt général que de sauter les étapes, l’idée est de construire une alliance entre ouvriers et paysans en promettant redistribution des terres. Ceux sont eux, menés par Lénine, qui l’emporteront. Dans les pays d’Orient (l’Egypte de Nasser) ou d’Amérique latine, les communistes vont tempérer leur athéisme pour se faire mieux accepter.

                                2) Cas second : les mutations de l’extrême droit européenne.

                                                a) La question de la topologie.

Le problème principal avec l’extrême droite est sa diversité. Les régimes fascistes allemands (Hitler), espagnols (Franco), italiens (Mussolini), grecs (Papadopoulos) sont tous différents les uns des autres. Leur principal point commun est cependant la place prioritaire qu’ils font à l’identité nationale et les grands projets qu’ils ont pour elle (Mussolini : restaurer l’empire romain, Hitler : sauvegarder la race arienne, etc.). Les régimes communistes les rejoignent sur ce point de la mise au second plan de la liberté individuelle vis-à-vis de l’identité et de la sécurité. Les régimes fascistes se différencient des simples dictatures politique en ce qu’ils utilisent les masses à leurs fins. De fait, la méfiance vient de la société elle-même.

                                                b) Diversité des mouvements et des origines.

A la fin de la seconde guerre mondiale, les mouvements résistants vont persécuter les anciens fascistes (dénazification, épuration, etc.). Cependant, ceux-là ne disparaissent pas totalement et l’on peut encore noter 4 types de mouvement d’extrême droite. (1) Les premiers, issu du fascisme historiques, sont les anciens militants des années 30. En Italie, le parti de Georgia Meloni découle ainsi de celui de Mussolini de même que le 2e parti le plus important d’Autriche, le FPO, aura été créé en 1955 par des anciens nazis. (2) Les seconds sont issus de revendications régionalistes comme la ligue du Nord italienne laquelle se présente contre l’immigration et l’islam dénoncé comme la source du retard d’industrialisation qui touche les régions nordistes italiennes. En Belgique, similairement, le conflit entre Wallons et Flamands crée des tensions : les seconds se réunissent autour du Vlaams Blook contre les francophones voire pour l’indépendance. (3) Les troisièmes, principalement présents dans les pays scandinaves, sont nés en réaction à la construction d’un état providence et la monté des impôts. Ne pouvant demander la fin des aides, le Parti du progrès et le Parti du peuple danois se prononcèrent pour la fin des aides pour les immigrés et durcirent considérablement les conditions d’immigration. (4) Les quatrièmes, enfin, présents notamment aux pays bas, se sont développés après le 11 septembre sur la base du rejet du multiculturalisme. Dans un parti qui historiquement a toujours fait cohabiter des populations diverses (catholiques et protestantes), le Leefbard Nederland et le Partij Von Vrijheit vont connaitre un bond en popularité.

                                                c) Les schémas idéologiques communs.

 

(1) Tout d’abords, l’idée est de réunir la nation autour d’une entité unique : le partie. Ce schémas assimilateur s’applique tant aux partis politiques qu’aux minorités culturelles qui sont niées au profit du groupe. (2) Le discours de l’extrême droit a également tendance à affirmer l’existence d’une menace contre l’état par un ennemi, qu’il soit réel ou fruit d’une théorie du complot. (3) De plus, les régimes tiennent une positions extrême sur le dilemme liberté c/ sécurité et sur celui ouverture c/ repli : la posture sur le champs des valeurs n’est pas tempérée. (4) Enfin, depuis peu, ils ont tendance à se ressaisir du discours social.

                                3) Cas troisième : l’évangélisme radical.

Très populaire aux États-Unis, le mouvement évangélique va connaitre, à partir des années 1980, un mouvement de radicalisation. Au départ divisé entre le parti de la Moral Majority de Jimmy Falwel et celui de la Christian coalition of America de Pat Robertson, les deux vont assumer une vision traditionnelle et lutter pour la restauration des « vraies valeurs américaines » se positionnant notamment contre la décadence européenne et la séparation de l’état et de l’Église. Leur premier coup d’éclat sera la grande campagne de critique contre le président Clinton à la suite de l’affaire de Monica Lewinsky qui mènera presque jusqu’à son impeachment. Clinton s’étant en effet attiré les foudres des évangélistes en se prononçant pour le droit des minorités sexuelles et celui des femmes à l’avortement. Après le 11 septembre, l’ennemi passe de l’Europe décadente à l’Islam en général, la religion étant assimilée entièrement au terrorisme. Lorsque Bush accède au pouvoir, les évangélistes le voient comme un miracle de Dieu cependant, à cause du soutien de leur tête de file (Pat Robertson) à l’état d’Israël et à ses déclaration concernant l’attentat contre les tours jumelles vu comme une « punition divine », le mouvement perd de l’influence et le nombre d’adhérents (qui était monté à plus de 2 millions à son apogée) diminue drastiquement.

II) De l’explication psychanalytique à la psychologie du jugement moral.

                A) L’hystérie des foules : la théorie de Gustave Lebon

Depuis deux siècles, l’on cherche à savoir pourquoi les individus obéissent à leur dirigeants : le pouvoir du plus sanguinaire dictateur ne reposant que sur la soumission de son peuple. Gustave Lebon explique qu’un individu change de comportement selon qu’il est seul ou dans une foule. Celle-ci emportant des mécanismes psychiques proches de l’hypnose collective menant à une hystérie collective. Concept tiré de la psychiatrie, l’hystérie collective se retransmet concrètement en le déchainement des passions par l’ensemble. C’est ainsi que, empêtré dans un conflit racial entre hutu (menés par le Front patriotique rwandais de Paul Kagamé) et tutsi, l’on va voir une foule massacrer en 1987, près de 800000 tutsi.

                B) Leadership et image du père : la théorie de Sigmund Freud.

Freud va se mettre à critiquer la vision de Lebon. Prenant le complexe d’œdipe au centre de sa réflexion, il considère que comme les individus, la société tend à identifier son « père » (dirigeant) comme son idéal. Etant dans l’impossibilité de se soulever contre son père, arrivé à l’âge adulte l’individu va obéir au pouvoir politique et appliquer ses règles. Pour lui, en effet, la société, comme les religions, se fonde avant tout sur des interdits : celui de l’inceste, de l’homosexualité, du meurtre, etc. L’élément fondateur de l’individu, selon lui, sont ses pulsions sexuelles sur lesquelles il va créer son moi et sur-moi. Souvent, les chefs charismatiques sont identifiés aux pères de la Nation (Tsar de Russie : père des peuples, Mustapha Kemal : père des turcs, etc.). Cette admiration, que les chefs d’état cultivent en promouvant une image irréprochable, peut disparaitre au moment où le dirigeant est pris en train de transgresser la loi. Ainsi, Clinton, surpris en train de tromper sa femme, risqua l’impeachment et fut désavoué par une partie de la classe politique. René Girard, quant à lui, affirmera qu’à toute société, il faut un ennemi responsable de tous les moeaux dont la mise à mort permettra d’extérioriser et déplacer les moments de violence.

                C) Les théories du jugement moral

                                1) Jean Piaget et les stades de développement de l’intelligence.

Etudiant l’intelligence de l’enfant de 6 mois à 15 ans, Piaget identifie deux stades de développement : celui de l’hétéronomie et celui de l’autonomie. Dans le premier, n’ayant pas développé de capacité propre de jugement, l’enfant obéit à l’adulte les yeux fermés. A partir de 7 ans on n’obéit plus à l’adulte mais aux règles que l’adulte a mis en place, si ce dernier les transgresse, il sera désavoué. L’enfant a atteint le stade de l’autonomie morale. Piaget applique cette théorie aux société et affirme que contrairement aux antiques, l’individus des sociétés modernes n’obéissent plus aux chefs, mais aux lois (cela expliquant les mécanismes de la liberté moderne).

                                2) Lawrence Kohlberg : nuancer Jean Piaget.

 

Kohlberg va identifier 6 stades de développement. (1) Dans le premier, l’enfant obéit mécaniquement du fait de la peur de la sanction. (2) Puis, devenant un individu stratège il fait le rapport couts-avantages à obéir. (3) Dans le troisième, en tant que personnage social, il se conforme à ce que la société attend de lui. (4) Intégrant le système des lois selon une vision légaliste, il y obéit en tant que norme au-dessus des groupes sociaux et, de fait, du chef. (5) L’individu n’accepte plus d’obéir qu’aux seules lois adoptées et approuvées par le peuple, c’est l’idée du contractualisme des démocraties modernes. Se pose alors la question des lois injustes mais acceptées par le peuple (esclavage aux États-Unis). (6) Le dernier stade permet d’y répondre, l’individu accepte l’existence de principes universels pouvant remettre en cause la volonté générale. Confronté à une lois injuste, l’individu va désobéir pacifiquement selon les principes de désobéissance civile qu’on retrouve, notamment, chez Martin Luther King ou Gandhi.

III) Médias et jugement politique.

 

                A) La théorie de Marshall Mac Luhan

 

Pour Mac Luhan, la réception du message va différer selon le canal de transmission. Avant l’invention de l’imprimerie, l’information se faisant par l’oralité, le lien entre la tribu et le chef était directe et donc, pacifié. Après Gutenberg, l’on introduit une distance entre émetteur et récepteur de temps et d’espace, cela favorisant l’émergence de l’opinion individuelle et de la pensée critique. L’arrivée des nouvelles technologies et la massification des auditeurs va créer le concept de tribu planétaire : la télévision peut désormais toucher la planète entière et faire naitre sentiments et opinions communs, cela rapprochant l’ensemble selon un système de mimétisme. Mac Luhan distingue entre média chaud (radio) et froid (télévision), tandis que les premiers permettent la propagation de messages fort directement, et sont donc utilisés par des chefs totalitaires, les seconds tendent à privilégier l’émergence de personnages politiques ressemblant aux spectateurs. Jusque dans les années 1980, l’état contrôlait totalement la télévision, celui-ci s’en servant comme outils de propagande. Après son ouverture au secteur privé, les sphères d’influence se sont diversifiés et l’on vit l’émergence d’une multitude de communautés politiques.

                B) La théorie du flux à deux étapes de Elihu Katz et Paul Lazarsfeld.

D’après eux, les indécis sont surtout influencés par leur entourage social et l’individu choisi de lui même quel média il va suivre. De ce fait, l’on est d’abords influencé par ses relations, puis par les médias.

                C) Les phases d’assimilation du message médiatique d’après Jean Noël Kapferer.

Celui-ci détermine plusieurs stades d’assimilation : (1) l’exposition au message, (2) son décodage, (3) son acceptation, (4) le changement d’attitude, (5) l’action.

                D) Les médias numériques et les effets sur l’action politique.

Contrairement aux chaines de télévisions dont la création coute cher et le contenu maitrisé, les réseaux sociaux sont gratuits et peu modérés. De plus, l’internaute, à l’inverse du téléspectateur, n’est pas passif et peut réagir directement à l’information. Avant internet, l’information sur les conflits était très limité puisque gardés par les services des armées. C’est ainsi qu’il fallut attendre des fuites pour apprendre les 100000 morts de la guerre du golfe de 1991 ou l’utilisation, par l’armée américaine, de bombes à uranium dans celle de 1993. A partir de 2003, le service des armées des États-Unis va mettre en place une politique de saturation informationnelle en multipliant les postes favorables à son action. Durant le printemps arabe, les réseaux sociaux étaient aussi le lieu de protestations. On le voit, les réseaux sociaux permettent de construire une conscience collective à tel point qu’aujourd'hui les pays autoritaires appliquent une censure très importante sur ces canaux.

                E) La problématique des « fake news ».

Une « fake news » tire sa force dans le fait qu’elle est présentée comme vraie sans l’être réellement. Elle s’appui sur les consommateurs rapides voulant à s’informer rapidement sans fournir l’effort d’analyse et de recherche derrière. Le risque étant que pris dans un cercle vicieux, le consommateur ne croit plus en rien, ni science, ni information réelle. L’on ne croit alors plus en ce qui se présente comme vrai mais seulement en ce qui nous arrange. C’est l’ère de la post-vérité.

Chapitre troisième : groupes sociaux et forces politiques.

I) Identités collectives en politique.

D’après Ferdinand Tönnies, dans une communauté, les individus sont liés par un systèmes de normes et valeurs communes. A l’inverse, dans une société, ils sont unis autour d’intérêts communs. L’intérêt n’est pas uniquement économique. Tenter d’apprécier la société libanaise selon le seul prisme des classes sociales, sans y intégrer le facteur religieux (communauté confessionnelle) est inutile. Dans une autre idée, l’Afrique du Sud devait s’analyser, tant économiquement que racialement parlant (un ouvrier pauvre blanc étant plus favorisé qu’un noir). Enfin, l’Inde, bien qu’ayant évolué, reste toujours marqué par la séparation entre les différentes castes (brahman et intouchables). D’après Marx, la classe sociale peut se définir comme « avant tout fondée sur une position commune dans les rapports de production voire de travail ». Les sociologues ont prouvé l’existence de mode de vie commun selon les classes, Michel Legros désignant l’échec scolaire bien plus présent dans les milieux pauvres. Il reste à se questionner sur le lien entre classe sociale et opinion politique.

II) Les formes d’organisation politique.

                A) Les groupes de pression.

Appelés communément lobbys, ils ont pour objet la défense d’un intérêt catégoriel qu’ils assurent en influant sur les décideurs politiques grâce à la mobilisation de ressources économique, sociales et politiques.

                                1) Les lobbies ethniques

Aux états unis, l’importance des lobbys ethnique est certaine. C’est ainsi que les immigrés cubains, présents notamment en Floride et dans les états limitrophes, obtinrent le maintien du blocus contre Cuba grâce à un investissement de 2 milliards de dollars. Dans une même idée, le transafrica forum et les Black Caucus, défendant les populations afro-américaines, infléchirent la politique internationale vers un boycott, dans les années 1960, de l’Afrique du Sud du fait de l’apartheid.

                                2) Les lobbies économiques

La privatisation du système carcéral américain permis à de grandes fortunes de se construire sur le dos de la justice américaines. Ceux là, depuis toujours, militent pour un durcissement des lois et des peines, l’accroissement du nombre de prisonniers arrangeant leurs affaires. Dans une même idée, l’industrie pétrochimique subventionna largement les campagnes électorales des candidats républicains moins favorable à la lutte contre le changement climatique.

                B) Les partis politiques

                                1) Présentation.

Si les associations ont une cause déterminée, les partis politiques eux, ont vocation à mobiliser un secteur de la population pour un ensemble d’intérêts particuliers. Selon la tradition rousseauiste, les partis forment un intermédiaire néfaste entre le peuple et l’expression générale. Certains pays, comme le Koweït, tirèrent des conclusions de cette affirmation en interdisant les partis. Cependant, l’on se rendit compte que dans les sociétés capitalistes, les organisations politiques sont bien souvent la seule manière pour les travailleurs de rééquilibrer le rapport de force avec l’employeur. Parfois, les partis peuvent être le ciment sur lequel va reposer la tranquillité sociale. C’est ainsi que durant les manifestations de 1968, un accord fut passé entre Gaullistes et parti Communiste pour que celui-ci limite suffisamment les dégâts pour que le pouvoir reste en place.

                                2) La structuration des partis.

Si juste après la création des partis, leur organisation est peu structurée, rapidement, l’on s’organise en profondeur. L’on va ainsi voir émerger un ensemble de structure, de hiérarchie et de procédure à l’intérieur de celui-ci (qui dirige, comment l’élire, comment décider du programme, etc.). Cela peut être aussi bien démocratique qu’héréditaire (PS, RN). Également, on observe un phénomène de professionnalisation des hommes politiques, des carrières se font exclusivement grâce à la politique. Enfin, arrivés à un certain point, les plus grands partis peuvent mobiliser les masses d’individus qui forment leurs adhérents et autres sympathisants à leurs idées. Il faut ensuite distinguer entre militant et professionnel (l’un recevant rétribution symbolique, l’autre matérielle) des opposants. Quoi qu’il en soit, les partis politiques se distinguent selon leur typologie. Ainsi, la structure peut être soit de cadres, soit de masses, soit centralisé, soit décentralisé. Dans une même idée, la manière de sélectionner le dirigeant varie. Traditionnellement, les chefs ont leur propre légitimité sociale (ou familial) du fait de leur charisme tandis que dans les partis les plus modernes, le chef est celui qui aura été élu par la base militante.

III) La classe sociale comme acteur politique.

                A) Classe ouvrière et parti politique : la thèse de Lénine.

Pour Lénine, l’ouvrier aliéné se rendant compte de sa condition ne peut réussir la révolution sans l’aide du parti, mené par les intellectuels engagés. Il doit exister des révolutionnaires professionnels pour renverser la bourgeoisie, laquelle n’hésite pas à utiliser la paysannerie pour casser les révolutions. Ces révolutionnaires professionnels prennent le nom « d’avant-garde ouvrière ». Le risque à éviter étant que les professionnels se détachent de la classe ouvrière et s’engagent dans des compromis pour leur bénéfice personnel. Lénine dénonce ainsi les « sociaux-traitres » ayant renoncé à la Révolution, soutenant la colonisation et la guerre de 14-18, cela menant notamment à la scission en interne et reconstitution de partis communistes durs.

                B) La théorie de Robert Michels.

D’après Robert Michels, l’élite partisane tend à se détacher de la classe ouvrière pour acquérir plus de pouvoir et se constituer en nouvelle oligarchie. Ainsi, l’on va voir en Europe les partis communistes participer aux élections alors que la théorie dure voudrait un rejet total des institutions bourgeoises. En Allemagne, pour obtenir des places au Bundestag, ceux-là s’allieront aux sociaux-démocrates et en France, au début de la Ve république, ils représenteront l’un des parti les plus représenté à l’assemblée nationale (25% des sièges). En Amérique latine, au contraire, la révolte sera plus violente. Cela ne se passera pas en Europe, sans doute du fait de la plus grande richesse de la classe ouvrière.

                C) La crise de la représentation ouvrière à l’ère post-fordienne.

Après la crise de 1929, pour relancer l’économie, Ford propose une politique de compromis social. Cependant, avec l’internationalisation du travail des années 1970, les économies européennes se mirent à utiliser de la main d’œuvre des pays pauvres pour diminuer les couts (le salaire d’un ouvrier américain étant 30 fois supérieur à celui d’un indonésien). Seules les instances de direction restaient dans les pays développés. Cette vision marche pour les productions nécessitant beaucoup d’ouvriers et peu de machines, l’inverse (beaucoup de machine et peu d’ouvrier) fonctionnant moins, les ingénieurs se trouvant dans les pays développés. La perte d’importance de la force ouvrière va provoquer la diminution de la protection sociale associée et en la perte de pouvoir, et donc d’influence des syndicats. Le parti communiste, depuis les années 1970 ne fait que chuter en popularité pour n’être, aujourd'hui, qu’une force insignifiante en France. Celui-ci ayant été parfois remplacé par le parti socialiste, s’appuyant lui, sur la classe moyenne. En France les différences sociales en fonction de l’ethnie (un maghrébin étant plus au chômage qu’un blanc) vont faire renaitre les problématiques nationalistes.

Chapitre quatrième : crises et conflits politiques.

I) Rappel des définitions.

                A) Conflit, crise et guerre.

Tous les systèmes politiques comprenant des conflits, il est nécessaire d’en prévoir la régulation. Pour cela, il est pertinent de revoir les définitions basiques. Lorsqu’un conflit (relation d’antagonisme entres acteurs) arrive à un seuil, survient une crise, point de rupture de l’équilibre préexistent. La guerre, au total c’est le conflit transformé en une relation à somme nulle, les parties ne veulent plus que détruire l’autre dans une logique de tout ou rien. La guerre n’est pas forcément meurtrière, il existe des mécanismes économiques (embargo sur l’Irak par les États-Unis) et technologiques (cyber-guerre ayant frappé Riga).

                B) Les différents niveaux de conflit.

Le conflit se passe à différents niveaux. Le plus réduit est celui psychique, au sein même de l’individu, puis arrive celui social, puis le conflit politique interne (entre forces ou choix politiques), celui politique international (entre états ou organisations internationales) et enfin le conflit durable lorsque le champ politique est stabilisé à l’ombre de revendication conflictuelles (RFA vs RDA, Mexique vs États-Unis, Russie vs Japon, etc.). Le dernier peut devenir gelé s’il n’évolue pas pendant longtemps (Arménie vs Azerbaïdjan).

                C) Les différents niveaux de crise.

                                1) Premier modèle.

A l’instar des conflits, les crises existent à différent niveaux. La crise psychique du fait d’une névrose, voire psychose, la crise à l’échelle micro-économique (paralysie d’une unité de protection du fait d’une grève par exemple), crise politique interne (déstabilisation d’un système politique du fait d’élection ne permettant pas la création d’une majorité franche notamment) et enfin, pour la plus importante, la crise politique internationale. Cette dernière se retranscrit par la cessation des discussion entre acteurs, cela menaçant l’équilibre d’un système et risque de dégénérer en guerre si une réponse n’est pas apportée dans un temps très court.

                                2) Second modèle.

L’on peut également se représenter les crises selon le schéma suivant. (1) Crise globale (rupture dans le système mondial), (2) crise internationale (rupture dans la relation entre états), (3) crise interne (rupture entre les acteurs politiques internes déséquilibrant le système national), (4) crise sectorielle (à l’intérieur d’un secteur déterminé du système politique). Ainsi, un exemple de conflit social peut être donné dans les relations qu’entretienne syndicats et patrons, ceux-là ayant intérêt à trouver un compromis plutôt que de se battre de front, au risque, soit de ne rien obtenir, soit de voir son entreprise couler.

II) L’interdépendance entre les niveaux local, national et international.

                A) Le cas géorgien.

Entrevoir les différentes échelles comme purement séparées serait une erreur. On le sait, un conflit a des causes et des conséquences à plusieurs à la fois. Ancienne république soviétique, la Géorgie avait accordé l’autonomie à certaines de ses régions peuples par des communautés nationales particulières. En 1991, les nationalistes montent au pouvoir et appliquent une politique de répression contre les populations d’Abkhazie, Ossétie du Sud et Adjarie. Cependant, parce que se rapprochant de l’Occident et commençant à s’interroger sur une possible entrée dans l’OTAN, le gouvernement nationaliste fut renversé par le soutien des russes apportés aux indépendantistes régionaux. Interprété comme une ingérence dans l’étranger proche (pays de l’ex URSS), la Russie, en effet, intervint frontalement en envahissant directement la Géorgie. Tentant de trouver un compromis, les occidentaux obtinrent le retrait des troupes russes contre des garanties, de la part du gouvernement géorgien, sur l’indépendance des régions autonomes.

                B) Interaction entre crise interne, internationale et globale

.

A la fin des années 1980, l’Asie traverse une crise financière. Celle-ci aura pour conséquence provoquer une crise économique en Russie, la quelle dégénèrera en crise politique du fait de l’incapacité des dirigeants à y répondre. La conséquence consistera en un changement de régime, mettant fin à la guerre froide et en restructurant l’ordre politique international au complet.

                C) Les facteurs d’émergence d’une crise révolutionnaire.

                                1) Attentes et satisfaction

D’après James Davis et sa courbe, les peuples ne se révoltent pas lorsqu’ils sont les plus pauvres puisque trop affaibli pour penser à autre chose que leur survie directe. Par contre, si après une période de croisse, survient une période de récession, alors que les attentes des citoyens s’étant adapté à un certain confort de vie, ne peuvent plus être satisfaites, l’on voit éclater des révolutions. C’est ainsi dans ce contexte d’explosera la révolution égyptienne de 1952.

                                2) Distinguer entre facteurs et faits déclencheurs.

Les révolutions ne surviennent jamais sans prévenir, elles ne sortent jamais de nulle part. c’est ainsi que bien qu’on puisse expliquer le printemps arabe par un ras-le-bol des populations opprimées par le gouvernement, l’un des facteurs sous-jacents de cette révolution reste l’alliance entre les Frères musulmans et les partis d’opposition. Il existe en effet, à chaque fois, aussi bien des facteurs économique, que culturels, idéologiques ou encore politique.

                                3) La théorie marxiste de la révolution.

Pour Marx, la révolution surviendra automatiquement du fait du système capitaliste lequel a inéluctablement tendance à concentre les richesses entre les mains d’une élite toujours plus petites et à ne laisser que moins en moins de miettes à la masse prolétaire toujours grandissante. Déséquilibre des bénéfices de l’industrialisation et paupérisation sont donc les causes principales. Cependant, pour que la révolution réussisse, l’ouvrier doit prendre conscience de la situation et s’organiser politiquement et syndicalement avec ses paires.

 

Anthony Oberschall

                                4) Dynamique révolutionnaire, la théorie de Theda Skocpol.

Pour Skocpol, les urbains étant individualiste, les phénomènes de passager clandestin y sont bien plus répandus. De ce fait, la révolution doit venir du milieu rural, là ou l’esprit de communauté est très fort. De fait, tant à Cuba qu’en Chine, tout est parti des campagnes. Pour enjoindre les populations à soutenir la révolution, les révolutionnaires doivent redoubler de violence pour terroriser les réfractaires : menacer de mort si on ne les suit pas permet de faire pencher la balance couts-avantage à leur profit (c’est aussi pourquoi les actes de cession sont si durement punis par le gouvernement).

                D) La théorie des crises politiques internationales de Michael Brecher.

                                1) Le conflit israélo-palestinien.

D’après Michael Breacher, il existe des circonstances particulières pouvant expliquer l’exposition d’une crise politique internationale. Son modèle, appliqué casuistiquement, marche correctement. De fait, le conflit israélo-palestinien, remontant à 1948, s’est empiré du fait des 6 guerres qui opposèrent les deux camps, créant des antagonismes irrécupérables entre les populations. De 1948 à 1949, la première tire son explication de l’expulsion des palestiniens locaux par les juifs fraichement arrivés. En 1956, la guerre de Suez survient suite à l’internationalisation du canal. En 1967 la guerre des 6 jours calme les choses pendant un certain temps, Israël se présente comme la première puissance militaire du Moyen-Orient. En 1973 la guerre de Kippour, voit la victoire, en plein mois du ramadan, des israéliens. En 1982 l’invasion du Liban se termine par la capitulation de Beyrouth suivi, en 2006, par une nouvelle guerre israélo-libanaise.

                                2) Le conflit du Cachemire.

Territoire divisé depuis toujours entre musulmans pakistanais et hindou indiens, les deux pays se déchirèrent à deux reprises dans des guerres sanglantes (1973 et 1999), toutes deux remportées par l’Inde. Depuis l’obtention des deux pays de la bombe nucléaire, plus aucun conflit ouvert ne s’est déclaré cependant en 2002 quelques tirs furent échangés.

                                3) La guerre des Malouines.

Iles stratégiques du fait de leur proximité avec le Chili, ce dernier les envahi pour tenter de les reprendre aux britanniques. Echouant suite à l’invasion ordonnée par Thatcher, laquelle ressort renforcée du conflit, le gouvernement du Chili est renversé et la démocratie restaurée.

                                5) La crise du Golfe de 1990-1991

                                                a) Irak contre Koweit.

 

La mise en place du conflit résulte de la hausse du prix du pétrole et des larges réserves en possession du petit état koweitien. L’Irak, menaçant d’une attaque en cas de refus de baisser les prix, s’exécute. La désescalade ne sera obtenu qu’après l’offensive militaire de l’OTAN.

                                                b) Irak contre OTAN.

L’Europe et les États-Unis ne portant que peu leur attention sur l’Irak, celui-ci eut les mains libres pour attaquer le Koweit. Ils furent obligés d’intervenir pour obtenir un armistice et, par la suite, imposer de lourdes sanctions.

                                                c) Irak contre Irak.

Irak comme Koweït étant tous les deux jeunes, le premier revendiquait le second depuis des années. Ne prenant pas au sérieux les menaces américaines, du fait de la puissance militaire à priori irakienne, la défaite provoqua une insurrection chiite à l’interne, qui sera calmée par la répression et donnera lieu, in fine, à une crise politique du régime tout entier.

                E) La théorie de Blecher sur la guerre.

Pour lui, les démocraties ne sont pas forcément hostiles à la guerre, celle-ci se retrouve partout bien que certaines formes de régime tendent à la rendre plus facilement accessible. De fait, la guerre civile n’éclate que si le rapport couts-avantages entre risque de se rebeller et risque de rentrer en conflit est positif. Ainsi, dans les années 1980, alors que le Soudan était au bord de la crise, les populations arabes du nord du pays voulant le contrôle des puits de pétroles du pays entier, l’on trouva un compromis en divisant les ressources paritairement selon les communautés.

Chapitre quatrième : les relations civilo-militaires.

I) La professionnalisation des forces armées.

                A) Historiquement.

Historiquement et jusque très tard en Europe, l’armée nationale était inexistante mais confiée à la charge d’une aristocratie combattante. Dans l’empire Ottoman, cela suivait le même modèle avec, à la tête les Souméras, janissaires et religieux. La professionnalisation de l’armée arrive globalement en France avec la République mais surtout l’empire Napoléonien. En Allemagne, elle résulte du projet prussien.

                B) L’existence d’une culture militaire.

.Pour Samuel Huntington, l’armée fait naitre chez ses soldats l’idée que la société, l’ensemble, prévaut sur l’individu et que les rapport que celle-ci entretien avec ses homonymes sont toujours conflictuels. D’après lui, les militaires ont tendance à désavouer toute action internationale n’étant pas strictement dans l’intérêt de leur pays. L’armée tendrait à formater des individu conservateurs et nationalistes. L’action de préparer inlassablement la guerre sans pour autant la faire (suisse) les rapproches des courants de pensées réalistes voyant avec cynisme les relations entre pays et supposant constamment que quelque chose de mauvais va éclater (et donc que la nature humaine est mauvaise). Pour l’une des première fois, les pays rejoignant l’OTAN n’envisagent pas les possibilités de trahison interne en préparant des moyens de défenses contre leurs alliés. Selon la vision du militarisme modéré, l’usage de la force militaire doit être basée sur une stricte évaluation de la menace et le rejet des politiques aventureuses ou de celles ne servant pas la société dans son ensemble (lorsque dirigées par des civils jamais soldats)

                                C) L’exemple algérien et turc

En Algérie, l’armée va imposer au pouvoir politique le principe de non-intervention à l’international, l’armée ne peut servir, sauf état de guerre, qu’à être déployée sur le territoire intérieur. Les généraux turcs, jusque 2011, avaient semblablement une forte influence sur la politique nationale (le Conseil de sécurité nationale pouvait décider de la démission du Premier ministre). Cependant, après la découverte d’une tentative de coup d’état et la purge des coupables, celle-ci fut forcée à se mettre en retrait. Depuis, la Turquie est intervenue en Syrie et en Lybie.

II) Les militaires en politique.

                                A) L’hypothèse d’Huntington.

Pour lui, le militaire est naturellement subordonné au civil cela parce que, le respect de la hiérarchie étant l’une des bases fondamentales que leur inculque leur professionnalisme, l’autorité étant donné aux autorités civiles par la Constitution, ils sont peu enclin à renverser l’ordre : ceux-là étant réticents à intervenir en politique, leur tâche profonde étant d’exécuter les ordres. C’est ainsi qu’en 1973, alors que l’armée égyptienne vient de neutraliser 140 avions israélien, celle-ci reçoit l’ordre de continuer à avancer et, alors même que les généraux avertissent du manque de couverture, ils obéissent puis commencent à perdre. Au Portugal, au contraire, Salazar ayant trop sacrifié l’armée, celle-ci se révoltera, mais tard, et fera chuter le régime. Dans une autre idée, il peut arriver que l’armée désobéisse lorsqu’elle reçoive l’ordre d’intervenir sur le territoire national, contre sa population, comme elle l’a fait en 2011 avec Mubarak. De même, lorsque le pouvoir est affaibli ou illégitime, il se peut que l’armée fasse sécession (révolution russe partant de la marine impériale).

                                B) L’hypothèse de Samuel Finer

Pour lui, et sa théorie de l’homme à cheval, il faut craindre l’armée professionnelle en ce qu’elle n’es pas forcément subordonnée par nature. Pour lui, sa forte capacité de coercition et d’agir comme un seul homme fait qu’une fois intervenu en politique, il est difficile de la faire reculer. En 1975, le Liban en pleine guerre civile, fait intervenir l’armée contre les populations musulmanes. Cela aura pour conséquence la sécession des populations militaires musulmanes, se refusant à se battre contre leur communauté. Celui-ci affirme également que plus une société sera mature politiquement, moins les militaires auront tendance à intervenir. De fait, si les militants peuvent exprimer leur mécontentement, l’armée n’a pas besoin d’agir. L’on détecte qu’une société est mature politiquement lorsque le pouvoir en place et le système politique ont une forte légitimité, de même que les procédures et organes institutionnels acceptées. La France, arrivée à maturité, vit, lors de la crise malienne et l’invasion des troupes de Daesh de la capitale Bamako les hautes instances militaires simplement conseiller le président de la république sur les choix à prendre. A l’étage en dessous, l’on a la Turquie, traversée par une crise en 1987 qui voit les généraux menacer d’intervention (chantage) si le président ne démissionne pas. Au niveau inférieur encore on a l’Algérie des années 1990 où toutes les personnes au pouvoir civiles vont être remplacées par des militaires. Enfin, au niveau minimal se trouve la Birmanie ou le pouvoir est tenu par une junte militaire.

III) Controverses.

En 1952, l’armée renverse la monarchie en Egypte pour installer une république. La révolution ne vient pas du peuple mais des classes inférieurs des militaires qui se révoltent contre leurs officiers favorables au pouvoir. Au total, on voit qu’il y’a une forte dissonance entre les visions politiques des gradés et des soldats inférieurs. Dire que l’armée a une culture commune n’est pas forcément fausse ni vraie, ce n’est pas un corps uni qui ne pense que comme un seul, les échelons inférieurs peuvent avoir une grande aversion de leurs dirigeants.

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